Hugo & Mick talk OK LÀ
Posted on
We talk OK LÀ with Hugo Jeanson and Michaël Bardier//On parle d'OK LÀ avec Hugo Jeanson and Michaël Bardier:
Hugo: It’s a free pocket-sized zine made up of 22 pages printed with an offset press. It’s Montréal, Kébécois, and Kanadien, inspired by other eras, but still touching upon our present culture. The inverse is also true. It really depends on where the reader is situated in time and space. Our audience is made up of many demographics: daltonians, myopics, free spirits, laborers...as long as you’re breathing and dare to take a moment’s rest, you can appreciate it too.
Hugo: Il s’agit d’un périodique gratuit de 22 pages, en format de poche, imprimé sur une presse offset, montréalais, kébécois, kanadien, inspiré d’une autre époque culturelle, mais qui baigne dans le temps présent. L’inverse peut aussi s’appliquer. Tout dépend de l’endroit où le lecteur se situe dans le temps et l’espace. Notre public cible est démographiquement variable; daltoniens, myopes, esprits libres, gars de shop, tant que tu respires et que tu oses parfois prendre une pause, tu risques de pouvoir l’apprécier.
What inspired you to start this project?
Mick: Like I try to explain in the zine’s editorial, I was looking on starting a company that would complement Heavy Trip, to expand our reach. As I let my left brain take over, I realized that the World didn’t need another company. Initially, the idea I had for OK LÀ was to have it be a company with no particular purpose, just cause. I approached Hugo because I knew of his love for Kèb 70s design à la Main Mise / Refus Global et cie and because, above all, I knew that it’d be a pleasure to work with him. True to himself, he quickly understood my inspirations and delivered visuals of the highest standard that heavily reflected his talent.
Hugo: As Mick explained, one of the things we agreed upon from the start was the visual influences for the project, as we wanted it to be inspired by underground québécois publications from the 70s, like Main Mise or Quartier Latin, all while completely removing the political and informative aspects from them. I’m under the impression that the majority of zines today, cater to very niche markets, to a limited number of people who are very much aware of their existence, and therefore, the culture often stays within these same sheltered groups of people. In exercising our opportunity to publish something that would be distributed for free, we’re opening the doors to a much greater scope of readers, that we hope, will influence those who wouldn’t have necessarily gravitated toward our type of publication, but end up leaving with a curiosity that sparks a search for other, similar ones.
Qu'est-ce qui vous a inspiré à démarrer ce projet?
Mick: Comme je tente d’expliquer dans l’éditorial du zine, je cherchais à monter une compagnie complémentaire à Heavy Trip pour élargir notre portée. Toutefois, en réfléchissant avec le côté gauche de mon cerveau je me suis rendu compte que le Monde n’avait pas besoin d’une autre compagnie, on en a un peu marre à la fin, non? L’idée initiale que j’avais avec OK LÀ c’était de partir une compagnie qui fait rien, parce que. J'ai approché Hugo parce que je connais son amour pour le design Kéb des 70’s à la Main Mise / Refus Global et cie mais aussi, et surtout, parce que c’est un charme de travailler avec Hugo. Fidèle à lui-même, il a vite compris les inspirations et a livré des visuels à la hauteur de son talent.
Mick: All the texts and illustrations address our relationships with the concepts of rest, freedom and well-being. We wanted to avoid sounding too preachy and rather show people that no one really has the answers.
Hugo: The goal was really to do something to help people take a break from their everyday lives, to help workers and students and people lost in modernity. A little zine that cleanses the spirit without putting you in a mindless daze. There is a way to distract ourselves without turning our switches off. We’re incessantly running from one place to another, we wake up routinely and we don’t even notice the time go by. There comes a point when you realize that occasional laziness isn’t bad for your health. For me, working on this notion really helped me detach myself from daily stresses. I’m my worst critic, but if we just take the time to respark our energies, to breathe with intention, we notice fairly quickly that our little issues and complaints are quite futile in the grand scheme of things. The illustration of a cluster of paper clips sums it up really nicely; a paper clip is light and flexible, but when you combine it with a dozen of other ones, it becomes a lot harder to detangle.
Mick: Tous les textes et illustrations traitent différemment de la relation qu’on a avec le repos, la libération et le bien-être. On voulait surtout éviter de faire la morale et montrer que personne ne détient la raison.
Hugo: Le but était aussi de faire quelque chose pour aider à décrocher de nos vies de tous les jours, aider les travailleurs, les étudiants, les gens perdus dans la modernité. Un petit zine qui vide l'esprit sans abrutir. Comme quoi y'a moyen de se divertir sans complètement éteindre l'interrupteur. On est tout le temps en train de courir d'un bord pis de l'autre, on se lève le matin dans nos routines et on ne voit pas le temps passer. Un moment donné, faut renouer avec l’idée que la paresse occasionnelle n’est pas mauvaise pour la santé. De mon côté, travailler là-dessus m'a vraiment permis de décrocher du stress quotidien et de remettre en question certaines insatisfactions. Je suis le premier à être lourd envers moi-même, mais si on fait juste prendre le temps de relativiser les choses, respirer un bon coup, on se rend rapidement compte que nos petits problèmes et craintes sont assez futiles dans le grand schéma des choses. L'illustration de la grappe de trombones sur la couverture représente bien le tout; un trombone c'est léger et facilement dépliable, mais quand tu en mêles une vingtaine, c'est un peu plus difficile à désassembler.
Hugo: While discussing the project, we were looking for elements that would fit well with the direction we had chosen, and since poetry was an integral part of the Quebec counterculture of the 60s and 70s, it was obvious that we had to include it in our first edition of the zine. I think the label “poesie” appears to intimidate most people in our generation, as silly as that may be. We were educated in a system where poetry is viewed as a form of expression belonging to the higher class and reserved for the elite to appreciate, meanwhile it is probably the most natural and accessible means of expression we have as humans. How many times have we heard of the title “poet” being used in a dismissive/pejorative way? In my opinion, poets should be held in the same regard as entrepreneurs and celebrities in the eyes of young people.
The fact that you can interpret a text in a very subjective and personal manner, that you can read and reread a line, uncovering new meanings with every glance, that’s a sublime freedom that we have at our disposal and that we should really consider to be of a high spiritual and academic standard. We jot down words on the regular on post-its or notebooks, but we do it so mindlessly that we don’t actually appreciate the words we’re transcribing, as well as the power they possess. I’m all for change and progress, but some fundamental things need to stay, or else we’re really going to have to start hiding our books in secret bricks on the wall of our passivity. It really goes back to the relationships with self and our time management, which are subjects we knew we wanted to touch upon with this zine. Poetry is the perfect vehicle with which we can explore those dynamics.If we’re lucky, we might just end up inspiring some people to go loiter in their local libraries and independent bookstores.
Hugo: En jasant du projet, on cherchait des éléments qui iraient bien dans la direction où on voulait aller et étant donné que la poésie a été partie intégrante de la contre-culture québécoise des années 60-70, il était inévitable qu’elle soit importante dans le premier numéro. Je pense aussi que l’étiquette « poésie » semble être assez épeurante pour beaucoup de gens de notre génération, aussi fou que ça puisse paraître. On a été éduqués dans un système où la poésie peut être considéré comme une forme d’expression hautaine et réservée à une certaine élite, alors que c’est probablement la forme d’expression artistique la plus naturelle et la plus accessible. Combien de fois avons-nous entendu quelqu’un traiter quelqu’un de « poète » péjorativement? Les poètes devraient avoir une place aussi importante que les entrepreneurs/carriéristes/vedettes aux yeux des jeunes, à mon avis.
Le fait de pouvoir interpréter un texte de façon ultra-personnelle, de lire et relire une ligne jusqu’à en trouver des significations aussi variées qu’elles soient, c’est une liberté sublime qu’on a la chance d’avoir et qu’on devrait réellement considérer à un niveau plus spirituel qu’académique ou élitiste. Nous sommes tous propriétaires d’un petit bidule sur lequel nous écrivons et lisons quotidiennement, mais tous ces mots défilent à une vitesse qui nous conditionne tranquillement à ne plus les apprécier à leur juste valeur. Je suis pour le progrès et le changement, mais certaines choses doivent fondamentalement rester, car sinon, on va réellement bientôt devoir cacher nos livres à l’aide d’une brique secrète dans le mur de notre passivité. Ça va aussi de soi avec le but principal du périodique, prendre le temps de renouer avec son temps libre et se laisser bercer par son imagination à l’aide du beau véhicule qu’est la poésie, peu importe sa forme. Peut-être qu’OK LÀ va aider des personnes à s’y intéresser et les inciter à aller flâner dans une librairie indépendante ou la bibliothèque de leur quartier.
Can you talk to us about your collaborators?
Hugo: We can discuss them at length, and maybe even dedicate an entire issue to them, but to put it simply, the collaborators are an eclectic bunch with whom we want to evolve with. Most of them work in the same time/space, but we had the privilege of being able to publish an illustration of André Montpetit, who has unfortunately passed into a dimension other than our own. We honestly hope that this zine will incite readers to discover these artists’ future and past works.
Pouvez-vous nous parler de vos collaborateurs?
Hugo: Nous pourrions longtemps en parler et peut-être même faire un périodique unique complètement à leur sujet, mais pour y aller avec simplicité, l’ensemble des collaborateurs est éclectique et sont surtout des gens avec qui nous voulons évoluer dans l’univers. La plupart d’entre eux œuvrent toujours dans le même espace-temps, mais nous avons tout de même eu le privilège de pouvoir publier une illustration d’André Montpetit, qui malheureusement vit maintenant dans une dimension autre que la nôtre. Nous espérons franchement que le périodique incitera les lecteurs à découvrir les œuvres futures et antérieures de chaque artiste.
Is there a link to be made between the OK LÀ concert series and the OK LÀ magazine?
Mick: Yes and no. The concerts that Charles-André Coderre and I started last year existed before the idea to start the zine. We wanted to present a series that was free of constraints and quotas in Verdun, where shows are rarely put on. Booking agents often have to work with style and language constraints, to be able to be eligible for certain types of funding. Verdun, however, has trusted us in putting together experimental lineups.
We wanted to avoid copying what was going on in other Montreal neighbourhoods, and we wanted to show that people would be willing to displace themselves even if it was for unknown artists. It’s important that we establish a relationship of trust with “our” public, and to prove to ourselves that people can be open to experiencing new things. We need to stop treating audiences like cavemen.
The themes and the vision of both entities do inevitably intertwine, yes.
Y-a t’il un lien à faire entre la série de concerts OK LÀ et le périodique OK LÀ?
Mick: Oui et non. La série de concerts que Charles-André Coderre et moi avons démarrés l’an dernier a vu le jour avant que nous commencions à travailler sur la publication. On voulait présenter une série libre de toutes contraintes et de quota-machin à Verdun où l’offre de spectacles se fait un peu plus rare. Les programmateurs doivent souvent travailler avec des contraintes de styles, de langues, etc. pour être admissible à certaines subventions mais l’arrondissement de Verdun nous a fait confiance et nous a laissé monter une programmation expérimentale.
On voulait éviter de copier ce qui se fait dans les autres arrondissements de Montréal et montrer que les gens se déplaceraient aussi pour des artistes qu’ils ne connaissent pas. Il est important pour nous d’établir une relation de confiance avec « notre » public et se prouver à nous-même que les gens sont ouverts à vivre des expériences. Faut arrêter de prendre les gens pour des caves.
Les thèmes et la vision des deux entités se rejoignent donc inévitablement, oui.